Corps à corps franco-italien

Qui gagnera ce match impitoyable, précis et rigoureux, opposant deux vedettes incontestables de la saison actuelle : la Renault 5 et la Fiat 127 ? Ces deux traction avant modernes sont rapides et spacieuses pour leur puissance fiscale de 5 CV. Elles sont appelées à une diffusion considérable dans toute l'Europe.

Autojournal  du 1er Mai 1972

Performances :

La vitesse maximale de la 127, soit 139 km/h, est sensiblement égale à celle de la R5, mais sa nervosité est supérieure : les 400 mètres depart arrêté ne demandent que 19 s 4/5, le kilométre arrêté 38 s 1/5. La vivacité est exceptionnelle.

Nous avons chronométré à Montlhéry la R5 à 139.8 km/h, ce qui est flatteur pour une 5 CV. Les 400 mètres départ arrêté sont couverts en 21 secondes, le kilomètre arrêté en 39 s 3/5.

Moteur :

Comme l'Autobianchi A 112 qui l'a précedée, la 5 CV Fiat possède un moteur placé transversalement. Le taux de compression s'élève à 9. La puissance disponible est de 47ch DIN à 6000 tr/min.

Le moteur de la R5 TL n'est autre que celui de la première R8. Le taux de compression est de 8.3. Avec 956 cm3 de cylindrée, ce groupe développe 43 ch DIN à 5500 trs/min.

Sièges :

Les sièges avant de la R5 sont intelligement dessinés et maintiennent bien le corps. Ils sont confortables, comme d'ailleurs la plupart des sièges dont Renault équipe ses divers modèles.

Les sièges, petits et assez rudimentaires [de la Fiat 127], ne procurent pas un confort suffisant.

Silence :

Le moteur [de la Renault 5] étant assez discret, le niveau sonore reste agréable. Mais faute d'insonorisation, les bruits de roulement se manifestent sur les pavés. Le ventilateur de chauffage est Bruyant.

Pas plus que Renault, Fiat n'utilise d'insonorisant sur sa 5 CV, mais la mécanique italienne est moins discrète que la Française.

Tenue de route :

En virage, et même dans les épingles, la stabilité de la Fiat reste sans défaut. La voiture parait se centrer et reprendre d'elle-même la bonne direction. la Fiat est insensible au vent latéral.

Le comportement de la R5 ne mérite que des éloges. Sa conduite reste toujours facile et sûre. Bien que la caisse s'incline fortement en virage, la trajectoire n'en souffre pas. Le vent latéral est sans effet.

Coffre :

En position normale, la contenance du coffre [de la Renault 5] est de 188 dm3. Si l'on rabat la banquette arrière, le volume utilisable atteint 505 dm3. Dans ce cas, on ne peut transporter que deux personnes.

Le coffre [de la Fiat 127] dispose d'une contenance fort intéressante : 260 dm3. Son accessiblité est critiquable car le couvercle est assez étroit et haut placé.

La Renault gagne : 7.3 à 7

Malgré son prix relativement élevé, qui d'ailleurs n'entame pas son succès, la R5 l'emporte sur sa rivale. Celle-ci manifeste des faiblesses qui nuisent avant tout à l'agrément : niveau sonore, suspension plutôt ferme, sièges peu hospitalies. Sa silhouette, très personnelle, ne plaît pas à tous. De son coté la Renault apparaît coûteuse. Elle est en outre moins nerveuse et moins maniable que la 127, vraiment très amusante. Et la Fiat bénéficie d'un double circuit de freinage, facteur de sécurité. En fait, ces deux 5 CV, comparables sous le rapport des cotes intérieures et de la vitesse maximale présentent des caractères différents. La R5 est plus confortable et plus commode grâce à sa troisème porte. La 127 est plus alerte et plus vivante. Précisons que l'apparition d'une 127 à hayon ne modifiera pas les enseignements que l'on peut tirer du match car cette version sera plus pratique mais plus coûteuse.